Le club des éditeurs est en colère. C’est une petite colère, car par force d’habitude, il en faudrait beaucoup pour vraiment énerver les dirigeants des petites et moyennes maisons d’édition. La particularité étant des « petites » structures, leurs dirigeants sont souvent en contact avec les auteurs. Il ne s’agit pas de faire une promotion négative à un auteur ou à un livre en particulier, qui peut-être le mérite ou pas, donc vous n’aurez ni nom ni titre. Ceci étant, la situation n’étant pas anodine, vous pourrez facilement retrouver le même contexte dans d’anciens projets comme dans ceux des années à venir. Le nombre des tirages des nouveautés explose depuis plus de 15 ans. C’est une course au plus grand nombre de sorties, afin de faire vivre les éditeurs qui sont en mode de cavalerie, les ventes des nouveautés payent la fabrication des sorties précédentes, et les diffuseurs/distributeurs exigent un cota minimum de parution sous peine d’amende déguisée en facturation supplémentaire ou d’arrêt du contrat. Ceci amène les éditeurs à être parfois pressés dans la sélection des propositions des manuscrits et pousse une course à la signature du contrat. Juste pour avoir un chiffre, nous avons eu une moyenne de 300 nouveautés par jours, dimanche compris, en mai 2023. De facto, les éditeurs retrouvent devant eux des auteurs dont c’est réellement la profession et qui savent les conditions, même s’ils ne sont pas toujours d’accord et souvent avec raison, et nous avons les amateurs, ceux qui découvrent et détail important qui écoute. La lecture d’un contrat est un moment important et les deux signataires doivent être en accord avec l’écrit du contrat. Rien du plus normal. Mais nous avons aussi les auteurs menteurs, ceux qui ne savent rien, mais qui veulent faire croire qu’ils en savent plus que les autres. Ce sont eux qui sont un danger pour les éditeurs. L’auteur menteur apporte un projet, un livre avec une thématique bien précise. Il dit avoir fait un travail journalistique. Mais il n’a pas de carte de presse. C’est la première erreur de l’éditeur, ne pas avoir demandé de voir ladite carte. Dans le contrat l’auteur s’engage d’avoir obtenu tous les droits des objets présents dans l’ouvrage. Cela signifie d’avoir les droits sur les images, photo comme dessin, qu’ils soient reproduit en mode photographique ou comme simple scanne. C’est normalement une protection pour l’éditeur, mais dans les faits, le propriétaire des droits attaque toujours en premier l’éditeur qui doit montrer sa bonne foi et aussi avancer les frais des avocats. Toutes les structures d’éditions ne peuvent pas le faire. De plus, même si cela est présent dans le contrat, l’éditeur a le devoir d’en faire la vérification. Mais quand l’auteur menteur rassure en disant qu’il n’y a pas de problème, le « jeune » éditeur a envie de faire confiance. Ensuite le titre appartient à l’éditeur, pas à l’auteur. Mais souvent, l’auteur impose sa vision sur le titre et quand le livre à un sujet bien précis, il est normal que ledit sujet puisse être dans le titre. Et on arrive au droit des marques. Si un éditeur désire faire un livre sur Popeye ou Charlot en utilisant le nom dans le titre il doit en faire la demande d’autorisation aux possédants des droits. Popeye et Charlot se sont des marques. Normalement c’est l’auteur qui a fait cette démarche, ceci avant la signature du contrat dont le but de proposer un projet aboutit à l’éditeur. Ce n’est pas aux ayants droit de faire le travail de prendre contact avec l’auteur et l’éditeur, ce n’est pas leurs travails, mais bien celui de l’auteur. Alors quand l’éditeur comprend, un peu tard, que l’auteur n’a pas les droits sur les illustrations, que l’auteur n’a jamais fait la demande d’autorisation de reprise du nom de la marque pour le titre, l’éditeur n’a pas d’autre choix que de rompre le contrat aux torts de l’auteur. Cela signifie que c’est l’auteur qui est en faute et que l’éditeur peut même demander à l’auteur de lui rembourser la construction de la maquette. Mais derrière, les plus pénalisés, ce sont les lecteurs/clients. Les « petits » éditeurs n’ont souvent pas les moyens financiers pour construire un stock alors ils font appel à la souscription, comme les libraires dans les années 1850, rien de nouveau sauf que cela se passe à présent sur internet. Le gain de la souscription permet souvent de payer la maquette et un premier tirage même si souvent il n’existe pas de second tirage. On déguise cela comme un moyen de faire de la communication, la promotion de l’ouvrage avant sa mise en vente, mais bon soyons honnête, cela concerne le plus souvent les livres qui ne vont avoir environ que 500/600 ventes et qui ne peuvent pas atteindre le palier des 1000 ventes, palier qui correspond à un tirage moyen classique chez un imprimeur. Un éditeur qui travaille avec un distributeur ne fait jamais de souscription. Ensuite je connais un dessinateur de talent qui est à son compte qui fait de la souscription et qui est avec le distributeur Makassar, il existe toujours des exceptions à la règle. Et c’est là que l’auteur menteur continue dans sa médiocrité. Il accuse publiquement son ancien éditeur d’être la cause de l’arrêt du livre quand il est l’unique fautif, il réclame la maquette qui ne lui appartient pas, il se mêle des modalités du remboursement quand cela ne le concerne pas… bref il crée de la mauvaise publicité à la limite de la diffamation. Quasiment tous les éditeurs ont vécu cela au moins une fois. Parfois on n’entend plus jamais parler du livre, parfois un éditeur à la limite de la faillite, va prendre la suite en espérant que l’arrivée des ventes puisse le faire tenir quelques mois supplémentaires. L’éditeur vautour parle sans rien dire. Il rassure, oui le livre sera disponible chez les libraires, à condition d’être commandé par eux, sans retour possible, ce qui signifie une vente proche du zéro. Il rassure, détournant le titre, il faut mettre le nom de la marque en sous-titre… Ce qui est toujours interdit sans avoir les droits… Bref, il faut rassurer, non pardon, il faut mentir pour rassurer le lecteur/client, qui lui finalement s’en moque, ce qu’il veut lui c’est lire le livre. Mais l’auteur menteur est pris dans un engrenage, il existe, on parle de lui, on va le plaindre, lui simple auteur contre une méchante marque. Il ne fait pas cela pour l’argent, non c’est pour le plaisir du partage, mais attention, pas question quand même d’offrir son travail à tous, il veut le vendre, il veut des droits dessus, c’est bien écrit dans son contrat. Mais encore une fois il ne fait pas cela pour l’argent, mais il titille quand on lui explique qu’il faut réduire le prix de vente, car il a un pourcentage dessus, plus le prix de vente et bas moins il gagne… Bref c’est le genre de personnage à fuir. À présent, nous avons une chance. Le nombre des nouveautés va baisser. L’augmentation du prix du papier de 50% sur 15 mois et l’inflation qui réduit le potentiel d’achat des lecteurs/clients ont sont la cause.
L’urgence de produire et de vendre existe toujours, mais il n’est plus question de perdre du temps avec de faux projets pour les éditeurs. Ce qui s’est dernièrement passé et qui a été sérieusement commenté en privé par des éditeurs à quelle part été bénéfique. Une nouvelle charte est en écriture, l’auteur devra en plus du contrat signé une déclaration sur l’honneur d’avoir les droits, mais il aura aussi l’obligation de produire les documents l’attestant. Il ne restera plus qu’à l’éditeur de faire son travail de vérification. Et petite note, je me bats toujours personnellement pour interdire les contrats avec moins de 10% pour les auteurs, mais c’est un autre sujet.