“Tintin mon copain” est un ouvrage qui suscite la controverse dès sa parution. Écrit par Léon Degrelle, une figure politique belge connue pour ses positions d’extrême-droite et sa collaboration avec le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, ce livre prétend établir un lien entre l’auteur et le célèbre personnage de bande dessinée créé par Hergé.
Dans cet ouvrage, Degrelle affirme avoir été l’inspiration pour le personnage de Tintin, une affirmation largement contestée par les spécialistes de l’œuvre d’Hergé. Le livre mélange des anecdotes personnelles de Degrelle avec des interprétations subjectives des aventures de Tintin, cherchant à établir des parallèles entre sa propre vie et celle du reporter à la houppe.
La crédibilité de l’ouvrage est mise à mal par plusieurs facteurs. Premièrement, Hergé lui-même a toujours nié que Degrelle ait été l’inspiration pour Tintin. Deuxièmement, les affirmations de Degrelle semblent souvent relever plus de la fabulation que de faits vérifiables. Enfin, le passé controversé de l’auteur jette un doute sur ses motivations et la véracité de ses propos.
D’un point de vue littéraire, le style de Degrelle est souvent décrit comme emphatique et auto-glorifiant. Il utilise l’image positive de Tintin pour tenter de redorer sa propre image, ternie par son passé politique.
Pour comprendre pleinement le contexte de ce livre, il est essentiel d’examiner les relations entre Degrelle et Hergé, ainsi que les activités politiques de Degrelle.
Degrelle et Hergé se sont connus dans les années 1920. Leurs chemins se sont croisés à nouveau dans les années 1930, lorsque Degrelle dirigeait les éditions Rex, qui ont publié des ouvrages avec des couvertures signé par Hergé. Cette collaboration professionnelle a pu contribuer à alimenter les affirmations ultérieures de Degrelle concernant son influence sur le personnage de Tintin.
Cependant, Hergé a toujours maintenu que Tintin était inspiré de son frère Paul Remi, et non de Degrelle. Avec le temps, et particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, Hergé a pris ses distances avec Degrelle, réfutant catégoriquement l’idée que ce dernier ait pu être l’inspiration de Tintin.
Quant aux activités politiques de Degrelle, elles ont été marquées par la controverse. Dans les années 1930, il fonde le mouvement Rex, un parti politique d’extrême-droite en Belgique qui évolue progressivement vers le fascisme. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Degrelle collabore activement avec l’Allemagne nazie, s’engageant dans la Waffen-SS et combattant sur le front de l’Est.
Après la guerre, condamné à mort par contumace en Belgique pour collaboration, Degrelle fuit en Espagne où il bénéficie de la protection du régime franquiste. En exil, il continue à défendre ses idées d’extrême-droite et à nier l’Holocauste, ce qui lui vaut des poursuites judiciaires dans plusieurs pays européens.
Ces activités politiques ont considérablement marqué sa vie et sa réputation, influençant la réception de ses écrits ultérieurs, y compris “Tintin mon copain”. Sa tentative de s’associer à l’image positive de Tintin peut être vue comme un effort pour redorer son blason, mais elle a été largement rejetée par la communauté des tintinophiles et par Hergé lui-même.
En conclusion, “Tintin mon copain” est un ouvrage controversé qui soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Il reste principalement intéressant pour les chercheurs et les historiens étudiant la propagande et la manipulation de l’image publique. Il est crucial de l’aborder avec un regard critique, en gardant à l’esprit le contexte historique, les relations complexes entre Degrelle et Hergé, et les motivations de l’auteur liées à son passé politique trouble.
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