José Cabrero Arnal est connu en France pour être le dessinateur de Pif le chien, qui sera la mascotte de la revue Pif Gadget. Le parcours professionnel d’Arnal contient encore des surprises. En plus d’avoir collaboré en Espagne avec de nombreuses revues jeunesse comme TBO, Mickey, Pochollo… Arnal produira des caricatures dans L’Esquella de la Torratxa, d’apparence une copie au départ du « Canard enchaîné », mais qui tournera rapidement au rouge éclatant.
La période trouble de la prise de pouvoir des « républicains », la fin de la monarchie, les nombreux conflits entre « rouges » produit un pays où tout le monde se trouve être l’ennemie des autres. Nous pouvons sans erreur dire qu’Arnal est un républicain, qu’il est contre la monarchie et la religion. Nous pouvons aussi avancer qu’il n’était pas un rouge anarchiste, mais plus un libertaire, profiter de la vie comme elle vient. Et, nous allons certainement en décevoir certains, mais Arnal n’était pas un communiste, du moins pas avant 1948. Quand il prit les armes contre Franco ce fut dans l’armée républicaine. Et quand il fut emprisonné dans le camp de concentration à Mauthausen, il choisit « librement » de ne pas être avec les Espagnols communistes. Ce point de détail est important pour comprendre ce qui va suivre.
Arnal commence à produire des caricatures pour L’Esquella de la Torratxa en 1931. Il s’attaquera surtout à la monarchie et aux religieux. Il passera peu à peu contre la politique entre les parties. Il cherche au départ à trouver un trait de caricature pour finir avec son propre style en rondeur qu’il conservera par la suite. Les légendes sont méchantes, rageuses. Il est libre et sans chaînes. Mais en 1932, la guerre de pouvoir entre les rouges va produire un changement à l’intérieur du journal. On ne produit plus des articles d’information, mais de propagande. On ne parle plus de procès et de justice, mais de mise à mort. On cherche à salir non plus la réputation d’un homme, mais d’un groupe. Bref le journal se retrouve au même niveau que ceux de la propagande nazie. Le point de non-retour est atteint avec une double page montrant la franc-maçonnerie mettant le feu aux églises, dévorant des enfants, violant de bonnes sœurs, soutenant la république… C’est d’une énorme violence et d’un contresens absurde. C’est à cette époque qu’Arnal ne produira plus de dessin pour ce journal. Est-ce son propre choix ou est-ce qu’il était lui-même devenu indésirable puisque républicain ? Peu importe, c’est une bonne chose, sinon nous serions dans l’obligation de le mettre dans la catégorie des fascistes rouge. Arnal sera à nouveau produit deux fois en 1936 avant de prendre les armes contre Franco, mais le journal était passé sous la direction des communistes plus modérés et membres de la république espagnole.
Nous avons recensé 41 dessins dits caricature d’Arnal, que nous vous proposons.
Formidable cet aperçu méconnu ou inconnu de la carrière de caricaturiste d’Arnal en Espagne. Trouve-t-on par ailleurs des articles et des bibliographies sur la carrière d’Arnal avec ses planches dans TBO, Pochollo ou autres qui sont elles-aussi peu visibles ?