Une question qui revient souvent est de savoir si un auteur peut intervenir sur le prix de vente d’un livre. Le prix de vente est la décision de l’éditeur. L’auteur n’a pas sa parole sur le sujet. Pour autant, quand on explique les raisons d’un choix, c’est toujours mieux quand on parle de partenariat… Alors, pourquoi cacher le mode de calcul, qui est pourtant simple, pour celui qui sait. Et beaucoup d’auteurs ne comprennent pas par manque d’explication et quand les mêmes auteurs se lancent dans l’autoédition, ils commentent trop souvent des erreurs qui sont fatales pour la vie du livre.
La construction d’un prix de vente est une aventure en soi. Comment faire pour ne pas se tromper ? Il existe autant de réponses que de question. On va prendre le possible mode de calcul d’un éditeur moyen qui travaille avec un distributeur et qui produit des livres en impression avec stock et ensuite numérique. Pour cela je vais partir d’une formule qui existe déjà, mais il est bien entendu que les prix de fabrication peuvent être modifiables selon l’ouvrage. Donc ce qui va suivre n’est qu’une ébauche d’explication d’un mode de calcul, vous pouvez en faire la modulation selon vos propres critères.
Déjà, le prix de vente est le dernier sujet de la construction du livre. Il faut en premier finir la maquette pour connaître le nombre de pages, c’est cela qui va définir le prix d’impression. Avant il est inutile de s’en occuper.
Aujourd’hui il existe deux modes d’impression, l’offset, l’impression dite classique ou pour certains « ancienne ». Il faut imprimer un volume minimum d’exemplaires en une seule fois. Généralement c’est une moyenne de 800 exemplaires pour obtenir un prix unitaire avec un prix intéressant. Pour un livre de 200 pages, il est (était ?) facile d’obtenir un coup de 1.50 l’exemplaire. Ce qui nous donne notre premier chiffre (1.50*800) 1200 euros. On va prendre en considération que l’imprimeur va offrir le transporteur.
Ensuite, on prend la question de la maquette. Maquettiste c’est un métier qui se paye. C’est la mise en forme, parfois aussi la correction. La moyenne que je connais est d’environ 1000 euros la maquette. Bien entendu vous pouvez trouver pour moins chère et pour plus. Ce n’est toujours qu’une facture qui se discute selon ses possibilités et besoins. Payer cher n’est pas une garantie de qualité, mais l’inverse non plus. De plus, vous pouvez en autoédition faire vous-même votre maquette, cela n’est pas interdit, même si trop souvent, quand on est lecteur, on voit bien l’absence des codes que l’on retrouve par habitude dans l’édition. Mais même si c’est vous, auteur, qui faites votre maquette, cela reste un travail et vous devez le prendre en compte dans votre prix de vente. Cela nous donne notre deuxième chiffre 1000 euros.
Si votre livre est en distribution, c’est simple, il faut prendre 50% du prix de vente du livre. Dans les 50% nous avons le calcul pour le distributeur et le libraire. À savoir que c’est la moyenne base, il existe aussi des distributeurs qui demandent 55%.
Vous avez signé un contrat avec un éditeur, vous allez donc avoir un % qui est lui aussi calculé sur le prix de vente TTC. Nous allons partir sur une moyenne de 10% sachant que beaucoup ont moins et peu ont plus. Cela nous donne 10%.
Il reste la TVA qui est de 5.5%. Et oui il ne faut pas l’oublier.
Et notre dernier chiffre va être la marge de l’éditeur. Il faut bien que lui aussi gagne un peu d’argent, car je vous le rappelle, à ce stade il a déjà dépenser 2200 euros sans aucune garantie de pouvoir récupérer sa mise. Nous allons faire simple et croire que l’éditeur désire gagner un minimum de 2 euros par livre vendu. Nous avons un tirage de 800 exemplaires, ce qui lui produira 1600 euros de bénéfice.
Une fois les chiffres réunis, nous allons pouvoir passer au mode de calcul. Le but étant de ne pas perdre d’argent, c’est de plus interdit. Il existe plusieurs méthodes, mais le plus simple est de partir à l’envers. Vous choisissez un prix et vous lui retranchez les chiffres afin de voir si cela entre dans les clous.
Pour l’exemple nous allons prendre un prix de vente de 18 euros TTC.
Ce qui donne pour un tirage de 800 exemplaires :
Impression : 1.50 euros reste 16.50 euros
Maquette : 1000/800 = 1.25 euros reste 15.25 euros
Distribution à 50% = 9 euros reste 6.25 euros
Auteur à 10% = 1.80 euros reste 4.45 euros
TVA à 5.5% = 0.99 euros reste 3.16
Il reste donc pour l’éditeur sur la vente du livre 3.16 euros par exemplaires vendus. Et avec cela il doit payer les salariés, le comptable… bref toutes les charges fixes. Alors oui il gagne sur le papier le double de l’auteur, mais ceci à condition de vendre, sinon il perd 2200 euros. Il est normal que celui qui prend les risques financiers puisse y voir son intérêt.
Mais une fois les 800 exemplaires vendus, il devient de plus en plus rare que l’éditeur fasse un nouveau tirage, car le risque d’invendus est trop grand. L’éditeur va donc produire la suite avec une impression à la commande. Et puisque ce sont les distributeurs qui s’en occupent via leurs filiales d’impression, personne ne voit la différence… sauf l’éditeur qui voit le prix de fabrication facilement doublé. Le livre qui avait un prix de fabrication de 1.50 euros passe facilement à 4 euros. Mais il faut aussi prendre en compte qu’à ce stade la maquette est rentabilisée, il faut remettre les 1.25 euros dans la marge de l’éditeur. Ce qui lui donne 3.16+1.25 = 4.41 euros sur lequel on retranche le nouveau prix de fabrication (4-1.50) =2.5 – (4.41) = 1.91 euros.
On résume pour un prix de vente à 18 euros, l’auteur touche sur le premier tirage et sur l’impression numérique 1.80 euros. L’éditeur lui, touche 3.16 euros sur le premier tirage et 1.91 euro sur la suite, soit 11 centimes de plus que l’auteur. On est loin de l’idée que l’éditeur se fait des sous sur le dos de l’auteur.
Pour l’autoédition, c’est encore plus simple. Vous prenez le prix de fabrication est vous faites un multiple de 3 pour avoir votre prix de vente. Pourquoi x3 ? Votre prix doit couvrir la fabrication, votre potentiel gain et surtout ne pas oublier que vous pouvez un jour faire des réductions, prendre à votre charge une participation de la poste. Bref cela ne doit pas sortir de votre poche. On peut gagner moins, mais sur une entrée et non produire une sortie d’argent. Je ne vais pas vous surprendre, c’est toujours Amazon qui est le leader sur le marché. Et surtout croyez bien que tous les vrais éditeurs sont présent sur Amazon.
Il est évident que ce que vous venez de lire n’est que le reflet de ce qui est possible, mais c’est la base de calcul le plus simple. Il existe des éditeurs qui donnent le calcul, mais ce n’est absolument pas une obligation. Donc non l’éditeur ne devient pas riche, pour preuve les nombreuses faillites du moment. Et non un auteur ne devient pas non plus riche, car il ne faut pas oublier la déclaration d’impôts ensuite. Par contre, cela sera l’objet d’un prochain papier, la richesse peut venir avec le volume d’ouvrages.