Il va être vraiment difficile d’écrire sur le nouveau Spirou qui est à présent disponible chez les libraires sans en dire de trop sur l’histoire. Rien n’est simple et surtout pas ce Spirou chez les Soviets. On pourrait le prendre pour un retour en arrière historique, un pied de nez au premier des Tintin. On pourrait croire à un oubli, car ce n’est pas la première fois que Spirou se rend en Russie. On pourrait penser qu’il s’agit d’une ultime bravade face au péril rouge qu’a représenté un moment Pif Gadget en France dans le monde des revues jeunesse… C’est bien tout cela, mais aussi bien plus. Dans l’idée d’opposition de deux mondes comme deux aimants, le scénario invite le lecteur à s’interroger sur ce qu’il est possible de trouver autant dans le pire que dans le meilleur, dans des idéologies qui ont comme but de contraindre les peuples à subir une politique et non plus à la choisir. Ceux d’en haut savent toujours ce qui est bon pour ceux d’en bas. Les auteurs réussissent en quelques pages à faire comprendre ce qu’un siècle de guerre et des millions d’ouvrages n’ont jamais réussi. Le meilleur, la lumière de la liberté et du bonheur résident en fond de son propre cœur et non dans les idées des autoproclamés sauveurs de l’humanité.
Les auteurs Tarrin et Neidhardt ont enfin redonné les lettres de noblesse à Spirou. Non pas que Franquin et Greg n’avaient strictement rien fait à ce sujet, mais cela faisait un moment que la médaille était ternie, même si Bravo a lui aussi fait un travail remarquable, il ne faut pas l’oublier, mais il manquait cette étincelle qui fasse revivre réellement la série. Spirou chez les Soviets est déjà un des meilleurs Spirou. Merci aux auteurs.